Elle n'aimait pas rester coincée dans le camp. Devoir complimenter les chatons - très moches, évidemment -, discuter avec un guerrier, un apprenti qui ne sait même pas mettre un coup de patte correctement...
Elle n'était pas chef pour jouer la nounou avec tout ce petit monde ! Mais elle ne trouvait pas de lieutenant - d'ailleurs les anciens disaient que le Clan était en danger parce qu'elle ne choisissait personne et patati et patata -, tous ses guerriers étaient incompétents.
Elle voulait pourtant le meilleur pour sa tribu, puisqu'elle comptait dominer tous les territoires claniques !
"Elle me fait un peu peur, notre chef..." c'était le murmure d'un apprenti, qui avait atteint son oreille.
Elle se tourna vers celui-ci, un sourire forcé plaqué sur son visage.
"Un problème, Nuage de Terre ?" elle savait qu'il détestait ce nom et appuyait donc bien dessus. Alors qu'elle était l'ange, lui était la... Terre. Ce truc cradingue dès qu'il pleut, quoi. Elle fit une analyse rapide du félin : assez grand pour son âge, musclé mais assez peu rapide ; une honte pour son clan. Il aimait bien faire le fier, mais elle lui avait littéralement cassé sa baraque.
Le petit malpoli comprit bien qu'elle l'avait entendu, et il baissa les yeux.
"Aucun, aucun..." murmura-t-il.
Lorsque la chef s'éloigna, elle entendit les moqueries des camarades du matou.
"Vous n'êtes pas beaucoup mieux que lui, si vous faites ça." jeta-t-elle par-dessus son épaule.
Elle sortit en vitesse du camp, n'ayant pas envie de parler une troisième fois de la journée du temps clément et des proies abondantes pour un début de la Saison des Feuilles mortes, des petits très gentils et amusant et...
Affligeant. songea-t-elle.
Elle courut à travers la lande, encore et encore. Le sol dur défilait de plus en plus vite sous ses pattes, jusqu'à ce qu'elle ait l'impression de voler.
Elle quitta son territoire et arriva dans un endroit où tout le monde pouvait circuler : le Chêne Astral. Gigantesque, magnifique. C'est comme ça qu'on le qualifiait souvent.
Mais pas autant que moi. La prétention était également dans son caractère, mais il n'y a aucune nouveauté à ce propos.
Elle sentit une odeur suspecte, qui ne ressemblait à rien qu'elle ait connu. Cette effluve de ressemblait pas à celles des Clans : il y avait de la force de caractère, de l'envie de dominer... Alors que les Tonnerreux, Riverains, Ombreux, et même certains Venteux puaient la couardise.
Là, ça sentait le chat, le vrai. Celui qui se bat pour survivre. Le porteur de cette odeur apparut finalement devant les beaux yeux dorés de la femelle.
"Qui es tu ? Tu n'es certainement pas une chatte domestique, ou une solitaire ; ça se voit. Tu n'as pas l'air comme les autres. Tu as l'air forte. Enfin, après, je n'en sais rien..." miaula Étoile Angélique d'une voix digne.